Ville et Architecture:  La fabrique de la ville et de l’espace contemporains 

Histoire, bilan et prospective

 

Les objectifs du cours 

L’objet “ville” n’est pas un objet d’étude parfaitement circonscrit, il est donc difficile de l’isoler pour en établir une théorie, une science ou une discipline. Pour autant, considéré comme un objet ouvert, il peut être étudié à travers les différents faits/disciplines/sciences qui président à sa constitution. Ce sera l’objet de ce cours théorique. Il cherchera à fabriquer un pont entre les différentes disciplines et permettra aux étudiants d’embrasser une partie de la complexité de la constitution de l’urbain à travers son processus de fabrication. Naturellement, l’architecture y tient une très grande place. Le cours sera concentré sur le territoire français mais ouvrira de nombreuses portes vers d’autres cultures pour se projeter dans une compréhension plus globale de la ville.Ces leçons seront l’occasion de mettre en scène quelques-uns des acteurs majeurs de la fabrication urbaine, le maire, l’architecte, l’ingénieur, l’état. 


Cours 1:  Cours introductif 

Ce premier cours introductif vise à brosser une brève histoire de l’architecture pour permettre aux étudiants de situer la production architecturale contemporaine dans une suite logique comme dans une réaction à l’histoire. Il évoque les grands bouleversements qui ont agité la discipline. Le cours insiste sur la rupture moderne et les codes (ou refus des codes) qui président toujours aujourd’hui au projet d’architecture. Des définitions majeures sont abordées afin de rendre l’étudiant plus à l’aise avec le champ lexical employé dans la suite du cours.

 

Cours 2 : Les villes ont elles une forme ?

Ce second cours se concentre sur le fait urbain, son histoire. De Millet à la ville contemporaine, le cours aborde et confronte les exemples et théories majeures de la ville. Il aborde notamment la ville d’Haussmann, les cités jardin, en recherchant des parallèles et oppositions entre les canons contemporains de la nature en ville et l’histoire de sa constitution. 

 

Cours 3:  Fabriquer la ville au quotidien

Ce cours a pour objet d’analyser les relations entre public et privé. Comment le secteur privé (opérateur immobilier comme architecte) se plie à des règles, des processus élaborés de contrôle de l’architecture et quelques fois à une logique de standardisation. Il abordera l’importance de la démocratie locale dans la fabrication de la ville.

invité 

Michel Thiollière, ancien Maire de Saint-Etienne et ancien Sénateur, enseignant à l’ENA, à l’origine de la transformation de Saint Etienne (Tramway, Châteaucreux, Centre Ville, Cité du Design, ….). Michel Thiollière a été classé 5è aux World Mayor Awards en 2006 notamment pour le développement urbain de Saint Etienne. 

 

Cours 4 : Le cas de la Défense 

Après ces trois cours, denses en exemples, en théories et foisonnants dans la mesure où plusieurs siècles seront traversés en quelques heures, la quatrième leçon se concentre sur une zone géographique limitée et une période assez courte. 

Il concerne le territoire de la Défense. Au travers de 70 ans d’histoire d’un quartier créé ex-nihilo, ce cours est l’occasion d’aborder des notions majeures permettant de décoder la ville contemporaine:

  • le plan Voisin de Le Corbusier, le plan de Zehrfuss
  • la hauteur, la question de la tour.
  • La planification des trente glorieuses
  • la mixité fonctionnelle et la ségrégation des flux
  • les opérations d'intérêt national - l’état à la manoeuvre
  • la financiarisation de la ville, investisseurs et promoteurs, la main invisible d’Adam Smith
  • la gouvernance urbaine
  • qu’est-ce qu’un espace public ?
  • la ville obsolète ?

 

Cours 5:  Habiter, mais où ? La fabrique du logement

Ce cinquième cours aborde la question du logement en France. Il permettra aux étudiants de comprendre comment ce droit fondamental s’est heurté à une financiarisation à l'extrême du monde de l’immobilier.

Ce cours débutera par une histoire du logement en France et en particulier du logement social. (la philanthropie, les HBM, …)  

Pierre René Lemas, grand commis de l'État et grand maître d’ouvrage français évoquera son expérience, sa vision de la fabrique du logement aujourd’hui et du lien qui existe entre le mal logement et les crises sociales récurrentes en France.

 

Invité Pierre René Lemas, Préfet, ancien secrétaire général de l’Elysée, Ancien Directeur Général de la Caisse des Dépots, ancien Directeur de Paris Habitat. Auteur du dernier rapport interministériel (2021) sur la qualité du logement.

 

Cours 6  Habiter le monde - La ville Post Carbone

L’architecture connaît une rupture disciplinaire à la mesure de la révolution moderne. Dans un monde qui prend connaissance de la finitude de ses ressources, dans une époque qui réalise que les énergies fossiles en ayant décuplé la capacité de développement de nos villes ont en même temps modifié durablement notre climat, la fabrique de la ville et l’architecture cherchent à se réinventer. Raphaël Ménard, expert du domaine brossera une vision aiguisée de ce que peut être la ville post-carbone.

Seront débattues des questions

  • de frugalité ou d’économie de moyens
  • de chronotopie d’usage
  • de mesure des émissions carbone
  • d’anticipation 
  • d’énergie à l’échelle urbaine
  • de mobilité

 

Invité: Raphaël Ménard, Architecte-Ingénieur ancien élève de l’Ecole Polytechnique,  Docteur en architecture, président d’AREP (Bureau d’études et agence architecture de la SNCF spécifiquement orienté sur la ville post-carbone)

 

Cours 7: Les pays en développement, le cas de l’Inde

Après le cours destiné à comprendre les enjeux de la ville Post-Carbone, l’étude de l’expansion urbaine des pays en voie de développement révèle de manière saillante la nécessaire recherche de solutions à la fois industrielles et vertueuses pour loger, transporter et nourrir les 40 millions d’urbains supplémentaires par an. 

 

Ce cours sera l’occasion de décrire 

  • à Delhi, la cohabitation de la ville vernaculaire avec la ville coloniale de Lutyens
  • la modernité Indienne et les apports de l’architecture occidentale (Chandigarh)
  • les infrastructures de transport collectif comme tentative de réponse aux niveaux de pollution extrêmes
  • les processus de pérennisation des bidonvilles
  • les pistes de modèle urbain pour répondre à l’exode rural.



Cours 8 : La création contemporaine en question. 

Ce dernier cours débutera par un panorama (très subjectivement choisi) d’architectures contemporaines, il permettra aux étudiants d'aborder la diversité avec laquelle les architectes des 40 dernières années ont exercé leur art, avec plus ou moins de succès.  

Entre vision prospective et coups (coût) marketing, les œuvres présentées dans cette leçon donneront aux étudiants quelques clefs de compréhension de la production contemporaine.

 Jacques Rougerie présentera son travail de prospectiviste qu’il poursuit depuis près de 50 ans.

 

invité Jacques Rougerie, architecte, océanographe, académicien.

 

 

Modalités d'évaluation : Une dissertation écrite en langue française de 4 heures sanctionne le cours magistral. Elle permet de vérifier aussi bien les qualités d'expression (clarté, style, pertinence) que la solidité de l'argumentation (arguments d'autorité, opinions personnelles).







At home or in the city, we are beings of space: the built world shapes our lives, accompanies our uses and leaves its mark on our minds. Yet architecture remains an isolated knowledge. Isolated knowledge, certainly, yet fundamental, because it is through architecture that the world becomes habitable, nature becomes landscape, and the practical necessity of walls is transformed into spatial generosity. It is also through architecture that mankind inhabits not only space but also time: of everyday life, of the century, and of the ecosystem.

"Art complet" in the words of Valéry, architecture has the privilege of reconciling art and utility. This course highlights the aesthetic, political, technical and ecological challenges of architecture through a selection of exemplary projects and buildings.

How has architecture contributed to world order since Antiquity? How have architectural and urban projects triggered or accompanied major social transformations?

An art of representation par excellence, architecture has always been the expression of the power in place: once one of religion or princes, yesterday the one of administration and industry,  nowadays the one of the market. Simultaneously, architecture has established itself as its own form of knowledge, drawing on the programs of worship, palaces, equipment and housing to create buildings whose meaning goes beyond their function. In the last century, the fathers of modern architecture transformed technical invention into social progress. In the 21st century, architectural and urban projects face a number of challenges: reducing spatial inequalities, reconverting industrial wasteland, enhancing public space and contributing to the energy transition.

Added to these challenges are the fundamental paradoxes that architectural projects are called upon to overcome: how to respond to the imperatives of a specific commission, through a form that is destined to endure? How do you take on the constraints of a specific context, and at the same time convey a universal thought? How can we reconcile the time of the commission, the time of our civilizations and the time - which is beyond us - of the planet? By which means does the art of planning preserve "personal space" while organizing "living together"?

In fact, the architectural and urban plan is becoming increasingly rare facing two symmetrical realities: on the one hand, the proliferation of poor models promoted by companies - from catalog pavilions to insignificant apartment blocks - which are devouring the countryside and banalize our streets; on the other, arbitrary gestures disconnected from use, whose effect lasts only the length of a chronicle. These two observations are not inevitable: it is possible to invent, through architectural and urban plans, places that are at once singular, welcoming and sustainable in the fullest sense of the term.

We will study the built world through the fundamental notions that architecture shares with the other arts and humanities (painting, cinema, philosophy, history), such as intimacy, the gaze, movement, technique, beauty and tradition. Some of these are now being redefined: the notion of "space" has been extended to include social networks, and that of "time" is being reconsidered in light of ecological issues.

In architecture, to understand, you have to learn how to look. Consequently, texts are far from sufficient. That's why this course is based on a corpus of places and buildings with which ideas are at one. Far from the austerity of an exclusively text-based course, each of the thematic sessions is supported by abundant and varied iconography (photographs and plans), from Antiquity to the present day.

 

A complete, illustrated handout- just like a book - is given to students in March.

 

Evaluation: A 4-hour essay in French. It tests both the quality of expression (clarity, style, relevance) and the solidity of the argument (authoritative arguments, personal opinions).

Only handwritten personal notes and hard-copy language dictionaries are allowed during the tests, except for other printed documents or handouts, as well as electronic dictionaries and translators.

Course language: French