Dans la tradition occidentale, le mythe se définit en général dans un double rapport d’opposition : au réel d’une part (le mythe est fiction) ; à la rationalité ensuite (le mythe est absurde). Ainsi admet-on généralement qu’en Grèce ancienne, le mythos a été progressivement supplanté par le logos qui, comme discours de la science et de la rationalité, s’est rapidement imposé comme le mode de saisie   le plus pertinent de la réalité. A ce compte, il ne devrait donc pas y avoir a priori réalités plus exclusives que « mythe » et « technique » ; et le monde aurait dû se débarrasser des puissances du mythe au fur et à mesure qu’il était aménagé par la raison technique.

Or, c’est le contraire qui semble s’être produit : depuis le début de l’âge moderne, en tout cas, on constate que toutes les révolutions scientifiques ou techniques se sont accompagnées, dans les imaginaires sociaux, d’une abondante production mythologique, qui prenait ces révolutions elles-mêmes pour objet. Ce sont ces mythes modernes que nous nous proposons de questionner : qu’ils s’expriment à travers le poème, le roman, le théâtre - mais aussi, plus récemment, le cinéma, la publicité, les objets - : que nous disent-ils des révolutions technologiques ? En suivant un parcours thématique et historique, le cours se veut surtout un parcours diversifié et comparatiste à travers la culture et la société française.